»Si les chômeurs devaient former un pays, il serait le 5ième pays le plus peuplé au monde » Christine Lagarde, Directrice Générale du FMI

10 octobre 2014

 »Si les chômeurs devaient former un pays, il serait le 5ième pays le plus peuplé au monde » Christine Lagarde, Directrice Générale du FMI

Allocution de christine Lagarde

La session officielle du Conseil des Gouverneurs et des Ministres des Finances a été ouverte ce vendredi 10 octobre 2014 au DAR (Daugter Of Revolution) CONSTITUTIONAL HALL (situé entre la Maison blanche, le Secrétariat d’Etat et la croix-rouge américaine) en présence de la Directrice Générale du FMI, Christine LAGARDE, le Président de la Banque Mondiale, Jim Yong KIM et des délégations des 188 pays membres.

Pour situer l’évènement dans son contexte, le Président de séance, l’Honorable Patick Pruatich, a résumé les différentes réalisations faites par les deux Institutions tout en se réjouissant de la récente adhésion de son pays, la PAPOUASI NOUVELLE GUINEE, un pays riche en diversités culturelles et qui compte à elle seule plus de 200 langues, soit 1/3 des langues mondiales.

Après ce message d’introduction, il est revenu à la Directrice Générale du Fonds Monétaire International, Christine LAGARDE de faire son allocution qu’elle a introduite par un souhait de joyeux anniversaire au FMI, à tout le personnel et au Président de la Banque Mondiale Jim Yong KIM.

Mme LAGARDE, connu pour sa prestance et son éloquence, a éblouit l’assistance par ses mots.
Pour la Directrice Générale du FMI, cet anniversaire est  »une occasion de réfléchir au chemin que nous avons parcouru ensemble au long de ces 70 années. Mais surtout, c’est l’occasion de regarder vers l’avenir. Les choix que nous ferons aujourd’hui dessineront notre avenir ».

Se référant à une histoire très connu  »ALICE AUX PAYS DES MERVEILLES » un ouvrage de Lewis Carroll , Christine LAGARDE a souligné une anecdocte, qui selon elle, doit nous servir de leçon:  »Dans l’ouvrage Alice au pays des merveilles, il y a une scène où la jeune Alice se trouve à la croisée de plusieurs chemins et y rencontre le Chat du Cheshire. Alice lui demande quelle est la voie à suivre : « Cela dépend beaucoup de l’endroit où vous voulez vous rendre », lui répond le chat. « Où, ça m’est bien égal », répond Alice. « Dans ce cas, peu importe le chemin que vous suivrez», déclare le chat du Cheshire.

Par ses mots, Christine LAGARDE affirme que nos choix ont de l’importance, car il détermine notre futur  »A ce moment critique, à la croisée des chemins, nos choix sont lourds de conséquences. La voie que nous allons suivre a de l’importance » souligne t-elle.
Abordant la situation actuelle dans laquelle se trouve le monde, la Directrice du FMI a déclaré que ce n’est que la résultante des actes posés par les hommes dans le passé. Comme pour affirmer qu’on ne récolte que ce que l’on sème:  » Il y a presque cent ans exactement, le monde s’est engagé dans la mauvaise voie. On vivait alors une ère de grandes avancées technologiques, d’optimisme et d’ouverture. Et pourtant, au lieu d’exploiter ces merveilles technologiques pour améliorer le sort de l’humanité, on s’en est servi pour fabriquer des armes de destruction massive ».

Et d’ajouter « Ayant pris la mauvaise voie, le monde a été plongé dans trois décennies de carnage, de chaos et de calamité ».

Christine LAGARDE a toutefois souligné qu’il y’a 70 ans l’homme s’est rendu compte de ses erreurs : »Il y a soixante-dix ans, en 1944, le monde s’est trouvé à un autre carrefour de l’Histoire. Mais cette fois, il a choisi la bonne voie. Ce fut l’aube du multilatéralisme, qui vit naître des institutions telles que le Fonds et la Banque, vouées à la coopération internationale.John Maynard Keynes s’émerveillait alors de «cette chose énorme à laquelle nous donnons naissance ».

Ce choix a porté ses fruits au fil des décennies — prospérité en hausse, stabilité croissante et recul de la pauvreté. Le FMI a joué un rôle essentiel : il a bataillé contre une crise après une autre, aidé les pays à faible revenu et en transition à prendre pied au sein de l’économie mondiale et contribué à développer les capacités, la force et la résilience de l’ensemble de nos pays membres. »

Le Fonds Monétaire International au fil des années, a augmenté ses capacités de financements, élargies son domaine d’actions et s’est récemment impliqué dans la riposte contre l’épidémie de fièvre hémorragique à virus EBOLA:  »

Aujourd’hui, le FMI continue à œuvrer sur le terrain, vigoureusement et souplement. Depuis 2008, nous avons engagé près de 700 milliards de dollars au service des pays dans le besoin, assuré des formations à tous nos pays membres et fourni de l’assistance technique à 90 % d’entre eux. Rien qu’au cours des derniers mois, nous avons apporté une aide financière à l’Ukraine, aux pays arabes en transition et aux nations africaines touchées par le virus Ébola. »

Pour la Directrice du FMI, Soixante-dix ans après la conférence de Bretton Woods, la communauté internationale se trouve de nouveau à la croisée des chemins. Les modes de coopération éprouvés sont, semble-t-il, devenus inopérants. L’efficacité de la machine économique mondiale elle-même est de plus en plus remise en question.
C’est pourquoi dira t-elle, pour atteindre les objectifs, des choix nous sont imposés pour produire de l’ emploi, des revenus et l’amélioration du niveau de vie dont le monde a besoin.

Pour cela il nous reviendra de choisir entre:
Premièrement : accélération ou stagnation? Comment créer la croissance et les emplois dont nous avons besoin pour promouvoir la prospérité et assurer l’harmonie sociale?
Deuxièmement : stabilité ou fragilité? Comment faire de ce monde interconnecté un espace plus inclusif et plus sûr où nous pourrons tous nous épanouir?
Troisièmement : solidarité ou Égoisme? Comment renforcer la coopération et le multilatéralisme, au lieu de l’isolationnisme et de l’insularité?

Abordant le premier choix, entre Accélération ou Stagnation, la Directrice du Fonds, a souligné qu’ils y’a d’énormes défis à surmonter : « Songez à l’évolution démographique sans précédent, à l’heure où la population active des nations les plus dynamiques du monde — pays avancés comme pays émergents — entre dans le crépuscule de sa vie. Dans moins de dix ans, le nombre des plus de 65 ans dépassera celui des moins de 5 ans, pour la première fois dans l’histoire. Songez à la montée ahurissante des inégalités — 7 personnes sur 10 dans le monde vivent aujourd’hui dans des pays où les inégalités se sont creusées au cours des trente dernières années. Et pourtant, nous savons que l’excès d’inégalité sape la croissance, empêche l’inclusion et mine la confiance et le capital social » .

Pour Mme Lagarde,  » nous vivons dans une ère d’innovations spectaculaires, avec tout le potentiel qu’elles renferment. Mais la révolution numérique ne crée pas beaucoup d’emplois et pourrait contribuer à accentuer les inégalités.Si nous n’y prenons pas garde, les spectres du 19ème siècle vont hanter le 21ème. ».
Le réchauffement climatique a été également un point souligné dans ce discours 2014: « Songez aussi au carnage écologique qui va de pair avec le réchauffement rapide de notre planète. Nous sommes tous conscients des dures réalités — les 12 années les plus chaudes que le monde ait connues ont été répertoriées durant les 17 dernières années. L’incidence de désastres liés au climat a été multipliée par trois depuis les années 1960. D’ici 2030, près de la moitié de la population mondiale vivra dans des zones en situation de fort stress hydrique ou de pénurie d’eau. »

La croissance économique est aussi un défi à relever afin que nos choix d’aujourd’hui n’est pas de conséquences demain: « les menaces qui pèsent sur la croissance ne viennent pas seulement du futur, mais aussi du passé.
Que faut-il entendre par là? Simplement qu’il faut très longtemps à l’économie mondiale pour sortir du trou où l’a plongée la Grande Récession. Nous nous attendons à une croissance de 3,3 % seulement cette année, et encore inférieure à 4 % l’an prochain. »
Relever le défi de l’accélération revient également à relever le défi de l’emploi: « Plus préoccupant encore, nous sommes englués dans une douloureuse crise de l’emploi. Aujourd’hui, il y a 200 millions de personnes dans le monde qui cherchent un emploi. Si les chômeurs formaient leur propre pays, ce serait la cinquième plus grande nation du monde. »

Et d’ajouter que« Les signaux d’alerte ne manquent pas, mais les risques sont particulièrement élevés dans le secteur non bancaire. Pour ne prendre qu’un exemple, les fonds communs de placement représentent aujourd’hui 27 % de la dette mondiale à haut rendement, soit deux fois plus qu’en 2007. Et, parallèlement, les risques sont plus concentrés — les dix plus grosses sociétés de gestion d’actifs contrôlent un trésor de guerre faramineux : 19.000 milliards de dollars. C’est plus que la valeur de la plus grande économie mondiale, celle des États-Unis. »«On ne traverse pas l’océan en se contentant de contempler les flots».

Mme LAGARDE s’inspirant de la citation de Tagore, a souligné que l’interconnexion croissante de l’économie mondiale affecte la stabilité financière car les flux financiers peuvent filer à travers le monde à la vitesse de la lumière:  » Le degré d’intégration financière a été multiplié par dix depuis la création du FMI. Au cours des deux décennies qui ont précédé la crise, le montant des crédits bancaires internationaux — en pourcentage du PIB mondial — a augmenté de 250 %.Cette interconnexion a de gros avantages : elle permet à un plus grand nombre de gens d’utiliser les réseaux financiers mondiaux. Mais l’envers de la médaille est que les risques de crises financières augmentent et qu’elles sont plus violentes quand elles éclatent. Celle de 2008 nous l’a brutalement rappelé. »

Pour réussir ce défi de stabilité « il nous faut changer la culture et les comportements. Il faut que nous abandonnions la mentalité à courte vue qui a mené à la crise — la tendance à privilégier le profit au détriment de la prudence, l’intérêt personnel au détriment du service, les excès au détriment de la morale.Il est clair que le FMI a un rôle à tenir dans ce nouvel univers interconnecté. » Martèle t-elle.
 »Le FMI, est la seule institution mondiale véritablement garante de la stabilité financière. Elle a besoin de disposer d’instruments et de ressources adéquats. »
Pour conclure ce deuxième point, la Directrice du FMI a souligné que: »Dans un monde où les flux de capitaux sont gigantesques, il faut établir un vaste filet de sécurité mondial.
C’est une leçon qui a été apprise et réapprise plusieurs fois au cours des 70 dernières années : une économie mondiale forte a besoin d’un FMI fort ».

Abordant le troisième choix, Solidarité ou égoisme, la Directrice Générale du FMI a précisé que la  »Que le terrain le plus fertile est celui que nous cultivons en commun; que la meilleure forme d’aide est l’entraide, que le savoir le plus précieux est le savoir partagé. C’est pour cela que nous sommes ici aujourd’hui ».
Et de poursuivre,  »vous n’ignorez pas que l’économie mondiale est entrée dans une phase de transformation radicale. Il y a cinquante ans, les pays émergents et en développement comptaient pour environ un quart du PIB mondial. Aujourd’hui, c’est la moitié, et leur poids augmente rapidement. Pendant la crise mondiale, ce sont les pays émergents qui ont le plus contribué à la croissance mondiale. »

Pour Christine LAGARDE, il est essentiel de progresser dans trois domaines:
•Premièrement, dans le secteur financier : il faut coopérer pour s’accorder sur un système de règlement transfrontalier des faillites des mégabanques;
•Deuxièmement, nous savons que la concurrence fiscale pénalise en particulier les pays à faible revenu qui cherchent à mobiliser les recettes dont ils ont grand besoin. La communauté internationale doit faire davantage pour qu’il soit plus difficile de transférer une résidence fiscale d’un pays à un autre dans le seul but d’accroître leurs profits;
•Troisièmement, les déséquilibres externes : nous savons que derrière chaque déficit courant se cache un excédent courant. De part et d’autre, il incombe aux pays d’assumer leurs responsabilités et d’œuvrer pour l’équilibre et la stabilité.

Il est donc nécessaire qu’un nouvel élan de solidarité est aussi nécessaire pour inverser le cours du changement climatique. L’année 2015 s’annonce cruciale. Si nous manquons cette occasion, nous manquerons à nos engagements envers les citoyens les plus pauvres du monde, les générations futures et notre planète. Alors nous ne pouvons pas nous permettre d’échouer. Il faut que le nouveau multilatéralisme l’emporte. Et le FMI a un rôle de premier plan à jouer.

Pour conclure, Christine LAGARDE a dit qu’à cette croisée des chemins cruciale, nous devons préférer l’accélération à la stagnation, la stabilité à la fragilité, la solidarité au repli sur soi.

 »Suivons la voie choisie en 1944, pas celle de 1914. J’ai cité en introduction une histoire pour enfants à succès et je conclurai en en citant une autre, Harry Potter, de J.K. Rowling, dont le protagoniste reçoit ce précieux conseil : «Ce sont nos choix, Harry, qui montrent notre vraie valeur, bien plus que nos talents» ».

Pour Africa224
Chérif Fatoumata

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