Lutte contre la désertification et la sécheresse : le temps d’agir !
4,2 milliards d’hectares des terres sont dégradées soit 33 % de la superficie mondiale. Ces chiffres interpellent sur l’impact de l’homme sur la nature qui de plus en plus conduira à la rareté des ressources et des denrées alimentaires. ‘’On n’a rien sans rien, investissons dans les sols vivants’’ est le thème retenue cette année par les Nations Unies pour la célébration de la journée mondiale de lutte contre la désertification et la sécheresse qui est à sa vingt et unième édition (21ième). Avec pour toile de fonds, l’accent sur la réalisation de la sécurité alimentaire pour tous grâce à des systèmes alimentaires durables. Des statistiques révèlent que quelques 805 millions de personnes dans le monde manquaient de nourriture nutritive suffisante entre 2012 et 2014. Si on n’y prend pas garde, la famine risque de s’abattre dans de nombreux pays dont ceux de l’Afrique subsaharienne, d’Amérique latine, d’asie et d’Europe de l’Est.
En Asie, 980 millions d’hectares sont dégradées soit 23 % du total de la superficie des terres asiatiques dont 26 % (environs 254 milles hectares) sont sévèrement affectées ;
En Amérique latine : 306 millions d’hectares dont 17% du total de la superficie des terres de la région (72% de toutes les terres utilisées) ;
En Afrique : 1364 millions d’hectares soit 46% du total de la superficie des terres du continent dont 16% (468 millions d’hectares).
Pour rappel, le concept de Désertification que la Convention des Nations Unies, a adopté le 17 Juin 1994 à Paris, est défini comme étant : ‘’La dégradation des terres dans les zones arides, semi-arides et subhumides sèches par suite de divers facteurs parmi lesquels, les variations climatiques et les activités ‘’.
Cette dégradation des terres peut être freinée si des actions sont ménées pour assurer une gestion rationnelle et durable des sols.
Le Secrétariat de la convention des nations Unies pour la lutte contre la désertification (CNULD) invite les acteurs à adopter de bonnes pratiques telsque :
(1) Un changement dans nos pratiques d’utilisation des terres par l’agriculture intelligente et l’adaptation au changement climatique, en particulier dans les régions fragiles sèches du monde où les pénuries alimentaires sont de plus en plus sévère ;
(2) L’accès à la technologie et les droits fonciers pour les petits exploitants agricoles qui préservent l’environnement et répondent aux besoins alimentaires de millions de foyers, surtout chez les ménages les plus pauvres ;
(3) Un équilibre dans l’utilisation des terres pour l’écologie et de la consommation, en tirant sur les meilleures pratiques ;
(4) Plus d’investissements dans les pratiques foncières durables afin que les systèmes alimentaires durables deviennent la pratique normale et ;
(5) Une action plus efficace sur la désertification dont les effets sur la sécurité, la paix et la stabilité sont invisibles mais réels pour les pays touchés en raison surtout de la nourriture et de la rareté de l’eau et la migration forcée de l’environnement.
Parler donc de lutte contre la désertification revient aux acteurs de s’impliquer dans la Gestion Durable des terres car ‘’On ne peut dissocier la lutte contre la pauvreté de la lutte contre la désertification’’.
Cette Gestion Durable des Terres (GDT) est définie par la convention comme étant‘‘ l’utilisation des ressources en terres, notamment des sols, de l’eau, des animaux et des plantes pour produire des biens et satisfaire les besoins humains sans cesse croissant, tout en préservant leur potentiel de production à long terme et leurs fonctions dans l’environnement’’. (Sommet de la planète terre des NU, 1992).
Pour Monique Barbut, Secrétaire Exécutive du CNULD, C’est pourtant la terre qui nourrit les céréales, les légumineuses, la vigne et les arbres. Sans elle, notre assiette serait vide. La terre est une masse dense de carbone du sol, d’eau et de milliards d’organismes. Elle donne la vie. Pour nourrir les générations passées, nous avons transformé en terres agricoles 70 % des prairies, 50 % des savanes et 45 % de la forêt tempérée. Nous traitons ces ressources comme des marchandises jetables. Nous dégradons la terre en pratiquant l’agriculture non durable et l’abandonnons quand elle ne produit plus.
Aujourd’hui, un tiers de nos terres agricoles auparavant fertiles sont à l’abandon. Avec une population devant atteindre 9,6 milliards d’humains en 2050, nous devrons défricher 3 millions d’hectares de nouvelles terres chaque année en moyenne. Nous nous dirigeons tout droit vers un point de basculement.
Pour le Secrétaire Général des Nations Unies Ban Ki Moon, Chaque année, nous dégradons 12 millions d’hectares de terres productives, soit la superficie du Bénin ou du Honduras. La dégradation touche plus de la moitié des terres agricoles, contre 10 % seulement de terres régénérées. Or, nous pourrions régénérer quelque 500 millions d’hectares d’une manière rentable, au lieu de les abandonner. Si nous ne modifions pas nos modes d’exploitation des terres, nous serons contraints de transformer, chaque année, une superficie de la taille de la Norvège en champs agricoles pour satisfaire nos besoins futurs en nourriture, en eau potable et en biocarburants, et pour assurer la croissance de nos villes, avec les conséquences néfastes que cela entraînera – telles que la déforestation – pour l’environnement.
Pour la Directrice de l’UNESCO, Mme Irina BOKOVA, La sécurité alimentaire n’est pas qu’une affaire de production et de distribution de la nourriture – elle nécessite des systèmes alimentaires durables, qui eux-mêmes dépendent d’une gestion durable des écosystèmes, soutenue par la recherche, l’éducation et la mise en œuvre de technologies adaptées. La recherche de solutions pérennes est un enjeu majeur pour la réussite du nouveau programme mondial de développement durable. Toutes ces questions sont au cœur de la 21e Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP-21), qui se tiendra à Paris en décembre prochain.
L’UNESCO aide les gouvernements à renforcer leur résilience dans tous les domaines face aux effets de la désertification. Depuis 40 ans, nous avons contribué aux efforts déployés à l’échelle mondiale pour lutter contre la désertification par des programmes scientifiques comme notre Programme sur l’Homme et la biosphère et le Programme hydrologique international. Cette action s’est traduite par des études à long terme, des travaux de suivi et des activités sur site. Partout dans le monde, les Chaires universitaires de l’UNESCO dans le domaine de la désertification coopèrent pour faire avancer les études sur les terres arides et la formation aux innovations technologiques, afin d’améliorer la gestion et l’utilisation durable des ressources des terres arides. L’UNESCO a dirigé une récente initiative dans le bassin du lac Tchad en vue de promouvoir une gestion intégrée des ressources naturelles et la restauration des écosystèmes. Plus de 50 réserves de biosphère de l’UNESCO, dans 19 pays du monde, abritent des écosystèmes de terres arides.
Cette année c’est à Milan (Italie) que la journée a été célébrée à l’occasion de l’Exposition Universelle des Nations Unies EXPO MILAN 2015 qui se tient du 1er Mai au 31 Octobre 2015 sous le thème : ‘’Nourrir la planète, Energie pour la vie’’.
Plusieurs autres évènements parallèles ont lieu à travers le monde. En France, il s’est tenu le Forum Désertif’actions du 10 au 13 Juin 2015 organisé par le CARI (Centre d’Actions et de Réalisations Internationales) sous le thème: « Changement climatique et sauvegarde des terres arides : le temps d’agir! ».
Le CARI, est une association accréditée par la Convention des Nations pour la lutte contre Désertification (CNULD). Elle mène des projets de terrain, des actions de plaidoyer et coordonne plusieurs réseaux internationaux d’organisations de la société civile : GTD, ReSaD, RADDO, pS-Eau (antenne méditerranée) et préside le réseau intercontinental Drynet
Désertif’actions 2015 a réuni la société civile dans le domaine de la lutte contre la désertification et la dégradation des terres. Plus de 300 acteurs du développement international : Organisations de la société civile, scientifiques, collectivités locales, organisations paysannes, institutions privées et publiques…sont venus de 60 pays avec pour objectifs de débattre et bâtir leurs positions communes dans le domaine de la dégradation des terres, de la lutte contre la désertification, du changement climatique et de ses conséquences au nord comme au sud. Un projet labélisé PARIS 2015-COP 21.
Des ateliers de production à base de partage d’expériences ont réuni un panel d‘acteurs de la société civile, des scientifiques, des personnes travaillant dans les institutions publiques nationales, internationales et également dans le secteur privé, les médias. Outre l’intérêt des regards croisés de ces différents types d’acteurs, les débats ont été enrichis par des participants venus de plusieurs pays très affectés dans leur développement par les évolutions en cours, notamment ceux du Nord et du Sud du Sahara. Le forum a été précédé de l’organisation d’ateliers préparatoires menés dans divers pays et d’une mise en partage via un forum électronique sur Internet https://www.desertif-actions.fr/forum/. Ces modalités ont permis de réunir des témoignages de personnes ayant l’expérience de ces zones, en tant qu’habitants, ONG ou experts, et ne pouvant participer au forum de Montpellier.
Le processus global de Désertif’actions visait à la fois le travail réflexif pour les différents participants, mais aussi la mobilisation et l’engagement personnel ou institutionnel via la production de documents de positions et de recommandations sur les différents sujets abordés.
Une journée portes-ouvertes a aussi été organisée pour le grand public . Une journée mise a profit pour faire des sensibilisations : animations culturelles, projections, documentations et expositions, concert, tables rondes et débats, animations pédagogiques, repas du monde, en compagnie de nombreux partenaires du sud et du nord. Votre bloggeuse y tenait un stand pour l’exposition de prosuits artisanaux de Guinée, des échanges avec les visiteurs sur la thématique désertification…
Un concours international de dessin de presse a également été organisé sur le thème : la terre fait son climat !
C’est le célèbre dessinateur ukrainéen Olesky Kustovsky, qui a remporté le 1er prix avec une enveloppe de 1500 Euros offerte par le Sécrétariat de la Convention des Nations Unies pour la lutte contre la désertification.
Ci-dessous, le dessin gagnant :
Une des activités phare de la journée, fut la marche pour le climat, organisée à la place de la comédie de Montpelleir pour attirer l’attention de l’opinion sur la thématique mais aussi pour amener les participants du forum à s’engager à travers des slogans.
Voir ci-dessous le thème choisi par votre bloggeuse sous la coupole de son ONG Femmes, Pouvoir & Développement (FEDEP)
Et pour allier l’utile à l’agréable, un concert a été offert par le CARI avec en vedettes, l’artiste sénégalaise TITI qui n’a pas déçu le public.
2015 est une année marquée par de multiples rencontres décisives de la gouvernance internationale dans le domaine de l’environnement, du climat et de la biodiversité. Année internationale des sols, Année de l’autonimisation de la femme, année des objectifs du millénaire pour le développement, Année Européenne du Développement. C’est donc une opportunité offerte aux nations de poser des actes qui décideront de leur avenir.
C’est ainsi que des conférences de haut niveau seront organisées dont les prochaines en vue sont :
- La conférence sur le financement du Développement en juillet 2015, à Addis Abeba en Éthiopie,
- La conférence des Nations Unies sur les objectifs de développement durable prévue pour septembre 2015, à New York et ;
- La conférence des Nations Unies sur la Lutte contre la désertification (COP 12) à Ankara, Turquie ;
- La conférence des Nations Unies sur le changement climatique (COP21) qui aura lieu en décembre 2015, à Paris.
Espérons que ces différentes conférences aboutissent à de bonnes résolutions car comme le soulignait ban Ki Moon dans son message du 17 Juin 2015 : ‘’Notre vie et notre civilisation dépendent de la terre. Investissons dans des sols sains pour préserver notre droit à l’alimentation et à l’eau douce’’.
Annexes :
1-La convention des Nations Unies pour la lutte contre la déserification
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